Cancer de la prostate : un véritable centre d 'excellence à l'Institut Bordet
On parle relativement peu du cancer de la prostate. Pourtant, plus de 12.700 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en Belgique. Oui, plus que de cancers du sein. Il s’agit d’ailleurs du cancer le plus fréquent chez l’homme. Alors comment expliquer l’absence de grande campagne de dépistage et la relative discrétion sur le sujet ? D’autant que, pris à temps, il se soigne très bien.
Entretien avec les Professeurs Peltier et Diamand.
Qui mieux que le Pr Alexandre Peltier et le Pr Romain Diamand pour nous parler de ce sujet brûlant ? Le premier n’est autre que le Chef du Service d’Urologie de l’Institut Bordet, le second, le Directeur du Centre du Cancer de la Prostate « Willy Gregoir ». Avec ces deux-là, c’est sûr, vous saurez tout sur le sujet.
Lorsque le cancer de la prostate est diagnostiqué tôt, c’est-à-dire lorsque la maladie se trouve uniquement confinée à la prostate, on parle de taux de survie à 10 ans de presque 100%. A l’inverse, lorsque des métastases sont découvertes au moment du diagnostic, cette survie chute à environ 25% (chiffres du Registre du Cancer Belge, 2023). Alors, pourquoi tant d’hommes ignorent-ils encore le dépistage ? « Il y a d’abord le caractère insidieux de la maladie qui se développe lentement, sans douleur, à bas bruit. Il y a ensuite -et surtout- la réticence des hommes à se faire dépister. Car, contrairement à la femme qui entretient une relation de confiance avec son gynécologue dès la puberté, l’homme voit rarement un urologue avant 50 ans, et le plus souvent avec appréhension. », nous explique le Pr Peltier.
« A l’Institut Bordet, nous plaçons le patient au centre de toutes les attentions. Non seulement, nous lui proposons toutes les possibilités de diagnostic et de traitement possibles mais nous discutons également ouvertement avec lui des avantages et des inconvénients de chacune d’entre elles. Et c’est, in fine, lui qui décide en pleine connaissance de cause. Nous mettons un point d’honneur à ce qu’il soit véritablement acteur de sa prise en charge. C’est d’autant plus important que les traitements peuvent être parfois longs et lourds de conséquences. », poursuit le Pr Diamand.
Il est vrai qu’on parle encore très peu de la qualité de vie des patients atteints d’un cancer de la prostate. Or, comme nous l’expliquent nos deux spécialistes, il est essentiel d’expliquer en toute transparence aux malades les conséquences possibles des traitements qu’on leur propose (incontinence urinaire, impuissance, troubles digestifs etc.) et ce afin d’éviter ensuite ce que l’on appelle le ‘regret thérapeutique’. Autre point important, le volume de patients traités. Car, c’est bien connu, plus on pratique, meilleur on est. « Nous prenons chaque année en charge un nombre important de patients. », explique le Pr Peltier. « Or, nous savons que la qualité de la prise en charge, et donc indirectement les taux de survie, sont directement liés aux volumes de malades traités. Rappelons que c’est ce qui a motivé la création en Belgique, des Cliniques du Sein agréées par le SPF Santé Publique. Nous plaidons d’ailleurs aujourd’hui en faveur de la création d’indicateurs de qualité pour la prise en charge du cancer de la prostate et de Cliniques de la Prostate agréées, à l’instar de ce qui s’est fait pour le cancer du sein. »
« Faute d’initiative des pouvoirs publics en ce sens, nous avons pris les devants en créant, à l’Institut Bordet, un Centre d’Excellence du cancer de la prostate unique en Belgique. Il garantit l’accès des malades aux techniques les plus innovantes, à des essais cliniques novateurs et respecte des critères de qualité déjà établis. », poursuit le Pr Diamand.
Depuis des années, l’Institut Bordet a effectivement développé une large expertise dans la prise en charge du cancer de la prostate, depuis le diagnostic jusqu’au traitement.
« Nous disposons de tout l’éventail de techniques qui existent actuellement, tant en matière de diagnostic que de traitement. Nous ne sommes donc pas obligés d’orienter intentionnellement le patient vers une technique plutôt qu’une autre, faute de disponibilité, comme c’est souvent malheureusement le cas. Côté diagnostic, nous avons été les premiers en Belgique à proposer des biopsies ciblées par imagerie. Concrètement, nous dirigeons celles-ci vers des zones suspectes repérées grâce à l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) et/ou PET scan. Avant, il fallait prélever à l’aveugle. Soit on passait à côté, soit on trouvait des anomalies sans pouvoir en évaluer l’ampleur, ce qui pouvait mener à des traitements inappropriés, souvent trop lourds. Grâce aux progrès de l’imagerie, on obtient désormais une cartographie en 3D de la prostate, utiles pour le diagnostic mais aussi pour la préparation de l’éventuel traitement. »
Enfin, après des décennies de biopsies réalisées par voie transrectale, l’Institut Bordet a récemment innové en introduisant la biopsie par voie transpérinéale sous anesthésie locale, réduisant le risque d’infection et la prise d’antibiotiques, tout en améliorant la détection des cancers.
Côté traitements, l’Institut Bordet offre également les solutions les plus innovantes. « Avec les biopsies ciblées et la cartographie 3D de la prostate, nous pouvons ne traiter que les zones cancéreuses que ce soit par ultrasons à haute intensité (HIFU) ou par micro-ondes, limitant ainsi les effets secondaires. Et lorsqu’une ablation de la prostate s’impose, nous avons recours, et ce depuis presque 15 ans, à la robotique. »
L’Institut dispose par ailleurs d’un accélérateur linéaire avec IRM de haute intensité intégrée permettant d’optimaliser les traitements par radiothérapie tout en minimisant leurs effets secondaires. Ainsi, il est parfois possible de traiter un cancer de prostate en seulement 5 séances, certainement moins dans un futur proche.
La radiothéranostique, enfin, offre désormais aux patients un traitement ciblé des métastases grâce au PSMA. Bref une panoplie de techniques permettant aux patients d’être soignés plus efficacement. Sans oublier l’approche multi-disciplinaire qui fait partie de l’ADN de l’Institut Bordet.
En conclusion, Messieurs, parlez du sujet autour de vous et surtout, faites-vous dépister !
Mais, sans vous, Alexandre et Romain n’y arriveraient pas.
👉Soutenez Alexandre, Romain et les chercheurs de l'Institut Bordet, faites un don au premier centre belge de lutte contre le cancer.
C'est une question de vie !
