Des chercheurs de l’Institut Jules Bordet et de l’Université de Liège développent un outil prédictif pour une forme rare de leucémie

Cat. : L’actu de la recherche

Bruxelles, 6/11/2025 - Des chercheurs de l’Institut Jules Bordet - H.U.B. et de l’Institut GIGA (Université de Liège) ont mis au point un nouveau biomarqueur pronostique capable d’identifier, parmi les personnes infectées par le virus HTLV-1 (virus T-lymphotrope humain de type 1), celles présentant un risque élevé de développer une forme agressive de cancer des globules blancs : la leucémie à cellules T de l’adulte (ATL).

 

Un biomarqueur capable de prédire, des années à l’avance, l’évolution vers une leucémie agressive

Le virus HTLV-1 touche plus de 20 millions de personnes à travers le monde. Si la majorité des porteurs reste asymptomatique, une minorité développe des complications graves comme la leucémie à cellules T de l’adulte (ATL), souvent plusieurs décennies après l’infection initiale. Jusqu’ici, aucun outil fiable ne permettait d’anticiper cette évolution. Aujourd’hui, une avancée scientifique majeure, publiée le 9/11/2025 dans la prestigieuse revue The Lancet Microbe, marque un tournant décisif dans la recherche sur cette forme rare de leucémie. Cette découverte pourra permettre des traitements plus précoces et un suivi médical plus ciblé des porteurs du virus HTLV-1. 

« Ce biomarqueur permettra aux cliniciens d’identifier les porteurs HTLV-1 susceptibles de développer une ATL agressive », explique le Dr Anne Van den Broeke, auteur principal de l’étude et directrice des recherches en oncogenèse virale à l’Institut Jules Bordet et au GIGA. « Pour la première fois, nous disposons d’un outil capable de prédire cette progression des années voire des décennies avant l’apparition des symptômes. »

 

Un score prédictif développé grâce à une bio-banque unique. 

L’étude s’appuie sur une cohorte japonaise suivie depuis 2002, avec une bio-banque sans équivalent au monde, constituée d’échantillons collectés sur plus de vingt ans. Grâce à des techniques de séquençage avancées, les chercheurs belges ont développé un score prédictif appelé VCE (Viral Clonality Evenness). Ce score mesure l’homogénéité de la distribution du virus dans les cellules du patient et est un indicateur déterminant du risque de transformation cancéreuse. 

« À l’origine, cette méthode visait à répondre à des questions fondamentales sur l’évolution du cancer dans des modèles précliniques », indique le Dr Michel Georges, co-auteur de l’étude et ancien directeur de l’Institut GIGA. « Ce qui est remarquable, c’est qu’elle s’est révélée directement applicable à la maladie humaine, avec une utilité clinique réelle pour les patients. »

 

Un outil qui répond à l’appel de l’OMS concernant le virus HTLV-1

Outre l’identification des personnes à haut risque pouvant bénéficier d’une prise en charge préventive, le score VCE permettra de rassurer environ 80 % des porteurs aujourd’hui considérés “à risque” selon les outils existants, alors qu’ils ne développeront jamais la maladie - un progrès significatif pour leur qualité de vie. Cette découverte répond directement à l’appel lancé en 2024 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui soulignait l’urgence de développer des biomarqueurs diagnostiques et pronostiques pour améliorer la prise en charge des porteurs du virus HTLV-1 à l’échelle mondiale.

 

Une recherche collaborative soutenue par de nombreux partenaires

Fruit d’une collaboration internationale, cette recherche associe l’Institut Jules Bordet - H.U.B., l’Institut GIGA (Université de Liège), l’Hôpital Necker (AP-HP, Paris), l’Erasmus Medical Center (Rotterdam) et le consortium japonais JSPFAD (Joint Study on Predisposing Factors of ATL Development). L’Association Jules Bordet a soutenu ce projet dès les premières étapes, finançant les recherches dès le stade préclinique et tout au long de son développement. L’étude a également bénéficié du soutien de Télévie, du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS), de la Fondation contre le cancer, du Fonds Léon Frédéric et de la Région wallonne (WALInnov).

Le score VCE fait actuellement l’objet d’une évaluation clinique dans plusieurs régions endémiques du virus HTLV-1 ainsi qu’au sein de populations à risque à travers le monde.

 

👉​ L'article complet publié dans la revue The Lancet

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